Lien fondamental entre aiki ken et tai jutsu (riai)

Pas de travail de ken à proprement parler dans ce cahier technique, pas de suburi.

Nous allons faire une pause nécessaire à tirer les conséquences, dans le domaine du tai jutsu, des éléments que le ken nous a apportés jusqu’à présent.
Quel est l’élément fondamental mis en lumière dans Aiki ken #1, #2, #3 et #4 ?

C’est évidemment la découverte que les techniques du ken sont mises en œuvre par la hanche arrière et pas par la hanche avant.

Je crois que ce point a été solidement établi dans les quatre dossiers précédents.

On dit partout que l’Aikido est un riai, que c’est un art synthétique, qu’il est Un, que le principe d’action reste toujours le même qu’on ait les mains vides ou qu’on manie un jo, un ken, ou un éventail. En vertu du grand principe – comme chante Guy Béart – on trouve en Aikido des relations entre tout et tout… et parfois même entre des choses sans rapport. Alors, puisqu’il est avéré que c’est bien la hanche arrière qui transmet l’énergie aux techniques de l’Aiki ken, on doit déduire du principe d’action unique qu’il est nécessaire qu’une loi aussi fondamentale soit respectée également par les techniques à mains nues. Si jamais ce n’était pas le cas, ce principe d’unité de l’Aikido que tout le monde accepte ne serait pas vérifié, et il vaudrait mieux alors ne plus le mentionner et l’oublier une fois pour toutes.

― Ok pour la logique Pévé, mais là pour le coup on aimerait bien du concret !

Et bien, maintenant que nous avons repéré ce qui doit être vérifié dans les mouvements du tai jutsu, il suffit de regarder comment O Sensei les faisait, et de voir si oui ou non la hanche arrière, appuyée sur la jambe arrière, est bien la hanche directrice de toutes les techniques à mains nues de l’Aikido.

S’il faut cocher, cochons donc :

Dans les 16 actions ci-dessus, la rotation de l’axe du corps entraîne la hanche avant vers l’arrière et pousse la hanche arrière vers l’avant. C’est pour cette raison que les hanches et les épaules d’O Sensei se retrouvent toujours de face au paroxysme de l’action, à ce moment critique où tous les paramètres de puissance maximum doivent être réunis.

Ce moment où la lame doit toucher dans les techniques du sabre, c’est aussi l’apogée du mouvement à mains nues. C’est irimi. A ce moment précis, le corps doit être de face, à ce moment précis, pour un court instant, le triangle de la position hanmi est devenu un carré.

Avons-nous recensé suffisamment de techniques …? Faut-il continuer… ?

Je pense qu’on peut s’arrêter là.

Toutes les techniques du tai jutsu ont pour hanche directrice la hanche arrière. Aucune n’est initiée par la hanche avant.

Il faut comprendre cela.

Appliquée comme il convient, cette connaissance est susceptible de modifier en profondeur tout le travail de tai jutsu en Aikido.

Il arrive fréquemment, bien-sûr, que la hanche arrière passe à l’avant après avoir terminé son travail. Ce changement s’effectue en une fraction de seconde, mais il importe de voir que l’essentiel du mouvement est à cet instant déjà accompli, comme l’est le shomen uchikomi du ken, juste avant que la jambe arrière n’avance dans le deuxième suburi par exemple (cf. Aiki ken #1 et Aiki ken #4) :

L’erreur courante, qui consiste à confondre ce passage de la hanche arrière à l’avant, avec un travail à partir de la hanche avant, sera évitée si l’on comprend le principe unique d’action, commun à toutes les techniques d’Aikido :

Philippe Voarino, février 2014.