Application sur un départ du pied avant : kaiten nage.

La méthode exige la pratique des exercices selon la ligne. Le kumijo n°8 ne fait pas exception.

Ce qui permet de travailler sur une ligne, c’est l’adoption de la position hanmi du début à la fin du mouvement, c’est à dire non seulement au début et à la fin du mouvement, ce qui est normal puisque la position hanmi (roppo) est la condition de la mobilité dans les six directions, mais aussi pendant l’action, ce qui en revanche n’est pas normal parce que la position hanmi ne permet pas la rotation des hanches (irimi tenkan) nécessaire à l’exercice de la puissance.

Soyons bien clairs : la position hanmi (roppo) est indispensable, sans elle il n’y a pas d’ouverture des hanches dans les six directions, et c’est à partir de la position hanmi seulement que l’action d’Aikido peut être construite, mais la rotation qui naît de la position hanmi est une transformation, et sa base n’est plus un triangle mais un carré, car c’est le carré seulement qui permet cette utilisation caractéristique des hanches que l’on appelle en Aikido irimi-tenkan.

Conserver la position hanmi du début à la fin du mouvement, il faut bien voir cela, c’est retrancher de l’Aikido la dimension du carré, et faire du triangle la seule figure utilisable. Or ce n’est pas la définition de l’Aikido par O Sensei qui a dit et écrit au contraire que c’est parce que le triangle se transforme en carré que le cercle peut apparaître, et l’aiki est l’union de ces trois. L’Aiki n’est pas l’application exclusive du triangle.

Mais attention, si l’on veut travailler sur une ligne il faut s’en donner le moyen, et il faut alors conserver hanmi et donc le triangle tout au long de l’action : c’est cela le fondement de la méthode. Inévitablement, des contradictions apparaissent quand les exercices sont pratiqués de la sorte, car il s’agit d’un artifice. Certaines de ces contradictions et impossibilités sont expliquées dans la vidéo.

Encore une fois, les contradictions de la méthode ne sont pas le signe de sa faiblesse ou de son inutilité, elles sont simplement la marque de sa limite. Il s’agit simplement de savoir ce que l’on fait et pourquoi on le fait. Ce n’est qu’à cette condition qu’un enseignement peut être profitable. Ce n’est jamais qu’au tout début de la pratique que l’on doit se contenter de répéter sans comprendre, comme le fait un enfant du monde des adultes. Mais l’enfance comme toute chose ne peut et ne doit avoir qu’un temps.

Le cahier 35 expliquera comment on arrive au travail véritable à partir de l’exercice en ligne qui est illustré ici.

Philippe Voarino, avril 2016.