Irimi ne consiste pas seulement à entrer dans le temps de l’attaque : irimi consiste à entrer dans le temps de l’attaque et à projeter uke.

Dans le cadre de la méthode, ces deux actions sont rarement possibles en un temps unique. C’est le cas d’aiki nage et de certains kokyu nage par exemple, mais dans la plupart des autres techniques, et notamment dans les techniques de saisie du sabre ou du jo, il est impossible d’entrer et de projeter dans le même temps.

La vidéo montre ce problème, et on voit clairement que ce tachi dori exécuté selon les indications de la méthode, s’il permet de projeter uchi tachi vers l’adversaire qui attaque le dos de tori, ne permet pas d’éviter la seconde attaque des adversaires de droite et de gauche. C’est bien normal puisque ce n’est pas l’objectif de la méthode.

Cette seconde attaque des adversaires de droite et de gauche est rendue possible justement par l’existence – dans la méthode – du deuxième temps, dont tori a besoin pour projeter uchi tachi vers l’attaquant qui se trouve derrière lui.

En revanche, si la spirale d’O Sensei est respectée, c’est-à-dire si tori se déplace en rotation dans le quartier avant droit du cercle, en utilisant irimi-tenkan et non plus seulement irimi, alors il lui est possible d’entrer et de projeter dans le temps unique de la rotation.

N.B: irimi = irimi-tenkan, et à proprement parler irimi ne peut donc jamais se trouver seul, il ne s’agit donc ici que d’une commodité de langage pour décrire l’entrée de la méthode.

Dans ce cas, du fait de la rotation, uchi tachi n’est plus projeté vers l’adversaire qui se trouve dans le dos de tori, mais cette fois vers l’adversaire de droite, tout en gênant au passage l’action des adversaires de gauche et de l’arrière qui ne sont pas en mesure de l’atteindre dans ce temps précis.

L’instant qui suit immédiatement est le départ d’une nouvelle action dans laquelle tori est cette fois en possession du sabre, et dans laquelle le danger immédiat n’est plus que celui des deux adversaires restants (gauche et arrière).

Philippe Voarino, décembre 2016.