L’entrée dans le quartier avant gauche s’effectue ici à partir du pied avant, et selon les deux pas classiques de la spirale d’O Sensei qui aboutit comme toujours à la position carrée indispensable à la rotation des hanches en irimi-tenkan.

Il est essentiel maintenant de comprendre ceci : tori n’utilise pas la lance qu’il saisit pour projeter uke, il utilise la lance pour piquer et couper. S’il pique et coupe tel qu’il est censé le faire dans l’art de la lance aiki, alors il éliminera les adversaires qui l’entourent et en outre uke sera projeté d’une manière idéale.

En revanche, si tori n’est pas conscient de l’utilisation qu’il peut faire de la lance, si, dès qu’il s’en saisit, sa conscience ne se place pas dans la coupe et dans la pique des adversaires qui l’encerclent, et qu’elle se limite à projeter uke dans une forme de moulinet, alors non seulement le mouvement sera inefficace sur les adversaires alentour, mais en plus uke sera mal projeté du fait d’un déséquilibre insuffisant. C’est seulement le fait de couper avec intention, en utilisant l’arme telle qu’elle doit être utilisée, qui déséquilibre uke et le projette de manière parfaite. La projection d’uke n’est qu’une conséquence de l’utilisation purement martiale de la lance.

Sur un champ de bataille, chaque fraction de seconde doit être utilisé pour frapper, il n’y a pas de place pour le moindre temps mort. La lance fonctionne en continu à la manière d’une hélice dont chaque pale travaille en même temps que toutes les autres. L’adversaire qui peut un moment s’accrocher à la lance sera éjecté et projeté par la force centrifuge couplée aux axes de déséquilibre d’uke.

Philippe Voarino, mai 2017.