Il faut tout d ‘abord revenir sur une idée très répandue de kata dori men uchi : d’une main uke attrape l’épaule de tori, et de l’autre il le frappe au visage.

Ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

Uke attrape bien l’épaule de tori, mais c’est tori qui le frappe au visage : le kata dori est à l’initiative d’uke mais le men uchi est à celle de tori. Attendre d’être pris à l’épaule puis frappé au visage avant de réagir est la garantie d’être débordé par l’attaque adverse.

Le mouvement d’Aikido commence par la mise en rotation de l’axe corporel (et donc des hanches). Aucun mouvement d’aucune partie du corps ne peut précéder cette mise en rotation, de même que la roue d’un tracteur ne peut pas se mettre à tourner avant que le moteur n’ait été démarré.

Cette vidéo vient compléter « [Au-delà de la méthode #5][#5] », et nous répétons en l’explicitant davantage ce qui a déjà été dit dans ce dossier :

La seule manière pour tori de délivrer une puissance aiki (c’est à dire une puissance née de la rotation des hanches), est d’effectuer cette frappe de la manière qui est démontrée sur la vidéo.

Si tori frappe au contraire en revers de la main, à la manière d’un uraken, pour repartir ensuite en sens contraire, il ne peut mettre en œuvre – dans cette action initiale – aucune rotation véritable des hanches, car il reste en position hanmi.

Sa frappe vers l’avant est alors effectuée avec la force de l’épaule, et elle l’oblige à demeurer dans la ligne d’attaque de l’adversaire qui est dans son dos.

L’action de tori est dans ce cas de faible puissance, et surtout – ceci est tout à fait fondamental – elle ne lui permet pas de quitter dans le même temps la position dangereuse qu’il occupe au centre d’un cercle d’adversaires multiples.

Il ne faut jamais perdre de vue que toute action d’Aikido doit répondre, dans le même temps, aux attaques venues des quatre et des huit directions.

Ceci n’est pas une interprétation personnelle, c’est un enseignement d’O Sensei, plusieurs fois répété par le Fondateur, et inscrit à l’entrée de son dojo.

Philippe Voarino, octobre 2015.