Il n’y a, en Aikido, qu’une seule position, et c’est hanmi.

C’est seulement à partir de hanmi que le mouvement spiralé d’Aikido est possible. Le mouvement est possible instantanément parce que hanmi ouvre immédiatement dans six directions de l’espace.
C’est pour cette raison que la position hanmi a été appelée "roppo" (position des six directions).
Ces six directions immédiates sont tout à fait concrètes : si l’on adopte un hanmi gauche, il y a deux directions vers l’avant gauche, deux vers l’avant droit, et deux vers le latéral-arrière droit.

Ces six directions sont donc dans le plan horizontal : la verticalité ciel-terre existe bien dans la position hanmi, mais ce n’est pas une direction, c’est un axe de rotation, ce qui est différent.

On se rend dans les six directions par un déplacement vers l’avant du corps.
Il existe aussi, dans le plan horizontal, à partir de hanmi, deux possibilités de se déplacer vers l’arrière du corps (dans le dos). Ce sont, dans le cas du hanmi gauche, les deux directions vers l’arrière gauche.

"Roppo" ne prend pas en compte ces deux directions car ce ne sont pas des directions de la marche naturelle du corps vers l’avant. Mais il y a donc en réalité huit directions possibles immédiatement à partir de hanmi.
Ce sont les huit pouvoirs.

Le mouvement d’Aikido s’inscrit dans l’intervalle de temps qui sépare la position hanmi initiale de la positionhanmi qui lui succède.
Entre ces deux positions se déroule le processus du déplacement, au cours duquel les pieds passent par deuxphases différentes : la phase hito e mi d’abord, la phase kenkagoshi ensuite.

La phase hito e mi est celle de l’ouverture du corps (triangle inversé : gyaku sankaku), la phase kenkagoshi est celle de la fermeture du corps (carrée : shikaku) nécessaire à la projection.

Ces deux phases ne sont pas des positions, ce sont les moments d’une dynamique.

Confondre hito e mi et kenkagoshi avec des positions, et les mettre sur le même plan que l’unique position d’Aikido qu’est hanmi, est la marque d’une incompréhension profonde, et l’origine d’interprétations personnelles qui s’égarent du chemin tracé par O Sensei.

Philippe Voarino, novembre 2018.