Il est important de ne jamais perdre de vue ceci : dans la vérité du mouvement martial, chaque coup porte, il n’existe aucun mouvement qui ne soit un mouvement d’attaque.

Et l’on voit par exemple sur la vidéo ci-dessus que le temps 4, qui se présente comme un temps de « défense » dans le travail pédagogique en ligne (cf. Au-delà de la méthode #21 »), est en réalité un temps d’attaque sur l’adversaire de gauche.

Penser qu’il puisse y avoir un temps de défense suivi d’un temps d’attaque, c’est penser dans le cadre de la dualité. Penser dans le cadre de l’unité, c’est comprendre que défense et attaque ne sont pas deux choses différentes : chaque temps d’attaque est également le moyen le plus sûr de se mettre à l’abri.

Attention cependant, il existe un proverbe français qui dit que « la meilleure défense c’est l’attaque ». Ceci est généralement perçu de la manière suivante : pour ne pas avoir à se défendre, il vaut mieux attaquer le premier. Une telle interprétation suppose qu’attaque et défense sont encore vues comme des éléments différents.

Ce n’est pas du tout ainsi que se présentent les choses en Aikido.

Je le répète, le principe de l’art d’O Sensei c’est que le mouvement qui permet de frapper avec l’efficacité optimale n’est pas différent du mouvement qui permet de se mettre en sécurité de la manière la plus parfaite possible. Il n’y a pas une attaque et une défense, il n’existe pas deux mouvements que l’on puisse distinguer : il y a un seul et même mouvement. Ce mouvement unique est le résultat d’un système de déplacement invariable, issu du principe actif souverain. C’est ainsi qu’attaque et défense naissent d’une origine commune.

Aucun mouvement d’Aikido n’est possible aussi longtemps que ce système de déplacement invariable, reconnu par O Sensei en tant que tel, n’est pas compris.

Enfin, quand ce déplacement est utilisé comme il convient, il est possible évidemment de frapper ou de ne pas le faire, car l’enseignement qui se dégage de la technique d’Aikido, c’est que la guerre ou la paix sont engendrés par le même mouvement. Toutefois, c’est là un choix personnel et relatif, qui n’a rien à voir avec le mouvement lui-même. Le mouvement en effet est la manifestation du principe d’action, et si le principe d’action est parfait, il ne connaît pas en revanche la morale, qui est une notion seulement humaine.

Philippe Voarino, décembre 2015.