Nous avons vu que les quatre premiers suburi de l’Aiki ken ont pour objet d’étude shomen uchi. Le ken y monte droit, il peut donc redescendre droit.

Le cinquième suburi est celui où apparaît pour la première fois la notion de yokomen uchi.

Pourquoi ?

Parce qu’on n’y monte pas le ken de la même manière.

Dans les quatre premiers suburi, la main gauche pousse en kokyu tout droit, ce qui a pour effet d’envoyer le ken tout droit dans le dos.

Dans le cinquième suburi, en migi hanmi, la main gauche pousse en kokyu vers la gauche : le sentiment que l’on doit avoir à ce moment est de frapper un adversaire sur la gauche avec le pommeau du sabre.

Le pommeau du sabre montant vers l’avant gauche, la lame du sabre plonge nécessairement vers l’arrière droit, débutant ainsi une spirale qui va l’amener de l’arrière de l’épaule droite, niveau bas, à l’avant de l’épaule gauche, niveau haut. L’axe et le développé de cette spirale sont tels que la coupe ne peut être que yokomen.

En hidari hanmi, tout est symétrique, la main gauche poussant alors vers l’avant droit au départ du mouvement.

Attention : même en yokomen, le sabre passe par le sommet du crâne, les mains ne doivent pas descendre sur le côté de la tête dans l’exécution de la spirale de coupe.

C’est donc la manière de monter le sabre qui décidera si la frappe est shomen ou yokomen, ce n’est rien d’autre.

Tenir par exemple le ken au-dessus de la tête en position jodan no kamae, et frapper en yokomen, est totalement artificiel, et ne correspond en rien à la réalité dynamique des mouvements. De jodan no kamae, la frappe ne peut être que shomen. Inversement, tenir le ken en hasso no kamae (au-dessus de l’épaule droite) ne peut donner naissance qu’à une coupe yokomen.

C’est pourquoi la garde la plus neutre qui existe est chudan no kamae, parce qu’elle permet de frapper aussi bien en shomen qu’en yokomen qu’en tsuki, selon les circonstances. C’est pourquoi O Sensei a tenu à mettre une photo de lui en chudan no kamae en page de garde de son livre "Budo". Chudan no kamae est l’unité indifférenciée, le un à partir duquel naissent les trois possibilités du sabre.

Il en va ainsi de la logique du sabre, et il faut respecter cela absolument, ne pas polluer sa dynamique parfaite avec des conceptions trop humaines et sorties d’un cerveau trop faible pour comprendre la raison d’être des lois universelles.