Si l’exercice tai no henka est pratiqué systématiquement au début de chaque entraînement d’Aikido, ce n’est pas parce qu’il est simple, ce n’est pas non plus parce qu’il s’agit d’un bon échauffement.

Non, si tai no henka est pratiqué au début de chaque entraînement, c’est parce qu’il s’agit du mouvement qui se trouve au cœur de chaque mouvement d’Aikido: il n’existe pas de mouvement d’Aikido qui n’incorpore pas tai no henka, et on peut dire a contrario que l’absence de tai no henka dans un mouvement, établit avec certitude qu’il ne s’agit pas d’un mouvement d’Aikido.

Pourquoi cela ? Parce que tai no henka est la première manifestation du principe moteur de l’Aikido : irimi-tenkan. Le principe en soi est une puissance non exprimée, donc invisible, elle n’apparaît aux yeux de l’homme qu’en se manifestant. Tai no henka est la toute première manifestation d’irimi-tenkan, la manifestation la plus radicale, en ce sens qu’elle est la plus proche de la racine du principe, la plus proche de l’origine non manifestée. C’est pour cela que son étude est fondamentale, parce que c’est un fondement, parce que c’est une clef pour la compréhension de l’univers technique de l’Aikido, qui s’est constitué à partir de ce simple mouvement initial.

C’est seulement par l’utilisation conforme d’irimi-tenkan, et donc de tai no henka, que tori peut devenir le centre du mouvement, toutes choses tournant autour de lui. Sans cela, c’est au contraire tori qui tourne autour d’uke, c’est l’Aikido mis queue par-dessus tête. Et cela, c’est à proprement parler diabolique.

Philippe Voarino, mai 2017.