Le Fondateur de l’Aikido a insisté sur le point suivant : toute technique d’Aikido qui fonctionne contre un adversaire doit fonctionner aussi bien contre quatre adversaires, sans qu’il soit besoin de changer quoi que ce soit à l’exécution initiale de la technique.

La technique ushiro eri dori irimi nage illustrée sur cette vidéo est un bon exemple de ce principe. On y constate qu’il n’est pas possible d’agir plus logiquement et plus efficacement avec quatre adversaires qu’en appliquant ce qui est parfaitement logique et efficace avec un seul adversaire. Et je voudrais souligner encore une fois ici à quel point cette coïncidence des deux logiques – que l’on retrouve systématiquement dans chaque technique d’Aikido – est une relation remarquable.

On peut dès lors déduire de ce principe l’information suivante, fondamentale : il ne peut pas exister de cas où une technique d’Aikido serait efficace contre un adversaire unique et dangereuse contre plusieurs adversaires, une technique qui permettrait à tori d’être fort dans une direction donnée, mais vulnérable dans les autres directions, arrière ou latérales .

Fort de cette information, il faut se demander comment et pourquoi certaines techniques d’Aikido régulièrement enseignées sont efficaces avec un adversaire, mais dangereuses dans le cas d’une attaque de groupe. Je pense par exemple à ikkyo omote qui permet bien de contrôler un adversaire, mais laisse dans le même temps vulnérable le dos de tori.

Je ne peux pas accepter la réponse classique : « s’il n’y a personne derrière moi je peux faire ikkyo omote, s’il y a quelqu’un alors je fais ikkyo ura ». D’abord parce qu’on ne peut pas toujours savoir si l’on a un adversaire derrière soi, mais surtout parce qu’une telle idée ne respecte pas le principe tel qu’il est défini par maître Ueshiba. L’Aikido ne se pense pas comme un art possédant des techniques réservées à un adversaire unique et des techniques réservées à plusieurs adversaires, c’est toute technique, ou chaque technique si l’on préfère, qui est conçue pour répondre simultanément aux possibilités diverses.

Si ikkyo omote est bien, comme je le crois, une authentique technique d’Aikido, alors ikkyo omote doit nécessairement être réalisable de telle manière que, dans son exécution, ni les flancs ni le dos de tori ne soient vulnérables aux attaques éventuelles. Il doit nécessairement en être ainsi pour ikkyo omote, puisqu’il en est ainsi pour chaque technique d’Aikido. Je renvoie sur ce point à la rubrique « Méthode Saito » où l’enseignement en ligne est comparé à la réalité du mouvement en rotation. Que l’exécution d’une technique martiale garantisse la sécurité de tori dans les quatre directions est un critère fondamental pour que cette technique puisse porter le nom de technique d’Aikido.

Philippe Voarino, août 2017.