L’Aikido exige que l’on pratique de cœur à cœur.

L’incompréhension de ce genre de phrase a conduit au malentendu majeur qui a fait de l’Aikido une gymnastique d’"amour et d’harmonie" oiseuse, fort éloignée de l’art martial farouche qui est sa vérité.

Ce qui est en jeu, c’est l’instant fulgurant où le cœur de l’action de tori pénètre le cœur de l’attaque d’uke. Les poings, les pieds, le sabre, toutes les armes, ne sont que des extensions du centre vital qui les dirige. Pour être efficace, toute action véritable doit donc porter sur le centre vital de l’adversaire, parce que c’est l’origine de son attaque et du danger qu’elle représente. Un poignard posé sur une table est inoffensif si personne ne s’en saisit.

L’esprit de tori doit voir plus loin que le bras qui l’attaque en yokomen uchi par exemple, il doit pénétrer fièrement dans la sphère d’uke, la traverser pour frapper le cœur même de l’attaque de ce dernier.

Voilà pourquoi il n’existe pas de blocage en Aikido. Vouloir bloquer une attaque, quelle qu’elle soit, pour y répondre ensuite, c’est créer une ouverture dans son propre corps dans laquelle uke enchaînera la frappe suivante, si ses réflexes sont suffisamment exercés. C’est perdre surtout le temps précieux qui est nécessaire à changer de position dans l’espace pour éviter les attaques simultanées d’autres attaquants potentiels.

Delenda Carthago : quand on est attaqué par l’armée carthaginoise, il ne faut pas se retrancher derrière des palissades ou s’enterrer dans des tranchées, il faut détruire Carthage, il faut frapper au cœur du centre de commande adverse. La guerre de mouvement l’emporte sur la guerre de position.