Il y a deux erreurs classiques sur le mouvement hasso gaeshi.

La première erreur consiste à commencer en tirant le jo vers l’arrière, dans une sorte de "préparation" au mouvement. Sur le champ de bataille, ce temps est un luxe qui coûte la vie. Au combat, le temps qui est nécessaire pour "armer" une action avant d’agir n’existe pas. Le combat est immédiateté, on n’y prépare rien. Tirer le jo vers l’arrière en vue de frapper ensuite, est un mouvement de retrait dangereux et inutile. Car le corps, quand il se retire ainsi, invite l’adversaire à entrer, tout comme l’eau se déverse quand la digue rompt, c’est la loi naturelle, la nature a horreur du vide. Poutine place ses divisions au sud, en Ukraine, et vise Kiev, l’Europe devrait placer ses divisions au nord, en Lettonie, en Estonie, en Finlande, et viser Moscou, c’est la stratégie, la stratégie est équilibre. Une arme n’est dehors et ne bouge que pour frapper, menacer avec une arme est un signe de faiblesse, c’est un grand danger, le bon sabre doit rester au fourreau, mais s’il en sort c’est pour couper et rien d’autre. Avec une arme on ne prépare rien, on agit, la garde elle-même est une faiblesse si ce n’est pas une garde sans garde.

Il n’y a donc aucun temps vers l’arrière au départ de hasso gaeshi, et Saito sensei a toujours très clairement enseigné la rotation immédiatement vers la droite :

La pratique selon les quatre directions éclaire les raisons profondes de cette nécessité.

La deuxième erreur consiste à "lancer" le jo avec la main gauche dans le deuxième temps du mouvement hasso gaeshi, "zenzen damé" disait maître Saito :

Car il n’est pas possible de frapper efficacement si on lâche le jo au moment de l’impact. L’impact exige que tout le corps exerce une pression sur le jo au travers de la main gauche :

C’est par cette pression qu’est transmise la force de rotation qui vient de la hanche droite, du pied droit, de la terre. C’est la terre qui frappe l’adversaire quand la main gauche est ferme sur le jo. Lancer le jo avec la main gauche, et le faire voler sur le côté de la tête dans un souci chorégraphique, c’est rompre le lien à la terre, c’est oublier que le bâton de l’Aikido n’est pas celui des majorettes. Ces dernières ne sont pas des guerrières, et il suffit à leur bâton d’être habile et élégant, à l’inverse du jo qui exige d’être manipulé comme une arme.

Il ne faut pas mélanger les choses qui sont sans rapport. Quel que soit le domaine de la vie, tout mouvement exécuté en conformité avec les lois de l’harmonie est beau, parce qu’il est authentique et qu’il a une logique. La laideur naît des actions menées dans l’ignorance des lois qui gouvernent la transformation permanente de l’univers. Le jo doit être manipulé dans le respect de ces lois, la pratique de l’aiki-jo permet de mieux les comprendre.