Il y a en Aikido une source de confusion, c’est celle qui consiste à penser que les katas de ken et de jo sont applicables tels quels dans la réalité d’un combat. Ce n’est pas dans cet esprit qu’ils ont été conçus.

Les katas de l’Aikido sont comme une bouteille dans laquelle on met un message et qu’on jette ensuite à la mer, dans l’espoir que ce message sera conservé et qu’il sera lu un jour par celui qui le trouvera peut-être.

Les katas de l’Aikido sont des messages, mais des messages chiffrés. Ils renferment une vérité, mais cette vérité n’est pas apparente, elle a été cachée là de manière volontaire et on peut le dire je crois, géniale. Géniale parce que c’est un tour de force d’enfouir une vérité complexe dans une structure simple.

Les gestes simples du kata sont faciles à apprendre, faciles à reproduire. La vérité qui se trouve cachée dans cette simplicité peut donc aussi être transmise facilement, y compris par tous ceux - l’immense majorité - qui ne la voient pas. C’est ainsi qu’un enseignement traditionnel peut être préservé de l’oubli et conservé pour les générations suivantes, à l’insu même de ceux qui le transmettent. Voilà pourquoi il ne faut surtout rien changer à la méthode d’enseignement, même si l’on n’en comprend pas la raison.

Les quatre premiers gestes simples du kata 13 (jusan no jo) s’effectuent avec le même partenaire qui attaque de manière répétitive, alors qu’il est pourtant frappé à chaque fois. Cette situation curieuse devrait faire réfléchir, il est évident qu’il ne peut pas en être ainsi en réalité. Pour que ces gestes simples, avec un adversaire "immortel" sur une ligne d’attaque unique, puissent avoir un sens et un intérêt, ils doivent nécessairement dissimuler un enseignement plus profond, avec des adversaires différents et dans des directions multiples.

Cet enseignement est une énigme, mais elle n’exige pas le génie d’un Alan TURING pour être décryptée, et chacun peut retrouver le fil qui a été enroulé dans la simplicité des gestes du kata. Pour dérouler ce fil dans sa complexité et dans sa vérité, il y a quand même certaines conditions : il faut une très bonne connaissance des bases de l’Aikido, une bonne démarche logique, et un peu d’humilité aussi bien sûr.

La vidéo montre ainsi les quatre frappes simples du début de jusan no jo, mais déroulées cette fois dans la réalité des quatre directions, telles donc que ces frappes surviendraient dans les 360° d’une attaque menée par plusieurs adversaires, et non plus en ligne par rapport à un adversaire unique.