Dans le kumijo 7, uke jo frappe trois fois de suite avec la même extrémité du bâton. C’est la méthode.

Les extrémités du jo peuvent aussi dans la méthode être utilisées alternativement, mais il est intéressant de noter qu’elles n’y sont jamais utilisées simultanément.

Ceci est normal pour trois raisons essentielles.

La première, c’est que l’arme est dans la méthode utilisée contre un seul adversaire, et qu’il n’est évidemment pas possible de frapper simultanément la même personne avec les deux extrémités d’un jo. On ne peut frapper simultanément que deux adversaires différents.

La seconde raison, c’est que pour frapper deux adversaires simultanément avec une arme à deux extrémités, il faut que cette arme soit suffisamment longue, uke jo devenant alors le centre de rotation d’une hélice mortelle. On se rappellera dans cette circonstance que le jo de l’Aikido est en réalité une lance, terminée par une lame à chacune de ses extrémités, qui a été raccourcie par O Sensei, mais qui doit normalement être utilisé selon les préceptes de la lance.

La troisième raison, c’est qu’il n’est pas possible, même avec une arme suffisamment longue, de frapper deux adversaires simultanément si l’on reste en ligne, or la méthode exige de travailler selon la ligne. Il n’est possible de frapper deux adversaires simultanément avec une lance qu’en utilisant la rotation irimi-tenkan, qui permet de pivoter au centre de l’angle resté libre entre deux adversaires, et de les toucher ainsi l’un au niveau gedan, l’autre au niveau jodan, en même temps et à chaque fois.

Il est significatif que le mouvement final "de base" du kumijo 7 ait varié dans le temps et dans l’enseignement de maître Saito. En effet, dans les années 1970-1980, maître Saito enseignait la frappe finale jodan (au coude) comme la base, et la frappe gedan (fauchage de la jambe) comme la variation. Il a ensuite inversé cet ordre, il a présenté la frappe gedan comme la base et la frappe jodan comme la variation.

C’est bien sûr quitter le cadre de la méthode que d’entrer dans ces considérations, mais la préoccupation qui fut la sienne dans ce changement n’est pas sans rapport avec le fait qu’il ne s’agisse pas en réalité de choisir l’une ou l’autre frappe – puisque les deux sont simultanées– mais de choisir dans quel ordre on décide de les enseigner. La notion de "base" et de "variation" n’étant jamais, ici comme ailleurs, qu’un moyen pédagogique d’approcher des notions plus complexes, en se familiarisant, à un niveau simplifié, avec des techniques bien plus difficiles à mettre en œuvre dans le mouvement véritable.

Philippe Voarino, juillet 2019.

Traduction
Georgian - ქართული