Le dossier précédent expliquait tai no henka dans son aspect kotai (statique).

Et on remarquera, en reprenant la vidéo précédente, que maître Saito ajustait alors sa position par rapport à uke en avançant légèrement son pied avant vers lui, juste après la saisie du poignet.

Cet ajustement est une compensation qui n’a de sens que par rapport à la situation irréelle de kotai, qui n’est, rappelons-le encore une fois, qu’un artifice pédagogique nécessaire à l’apprentissage, mais sans aucune réalité martiale.

Dès que la technique est pratiquée en ki no nagare, c’est-à-dire en mouvement, en harmonie avec la dynamique d’uke, la rotation de tori, combinée à l’énergie d’uke, suffisent à placer les deux partenaires dans un rapport idéal dans l’espace. Il n’est plus besoin dès lors à tori d’avancer son pied avant, il lui suffit de pivoter immédiatement sur place. On peut vérifier que maître Saito pratique ainsi sur la vidéo.

Ceci est bien conforme au principe irimi-tenkan, qui veut qu’aucun mouvement ne soit possible avant la mise en œuvre de la rotation.

On voit clairement dès lors que le pas vers uke exécuté avant la rotation, dans le cadre de kotai, n’est qu’une pièce rapportée, un simple mouvement de translation autonome, sans lien avec le principe rotatif, et nécessaire seulement parce qu’on se trouve là dans une situation pédagogique artificielle.

Il peut sembler un peu artificiel également de tendre la main vers uke comme l’explique maître Saito. Mais il ne faut pas perdre de vue que, même en ki no nagare, cet exercice reste conventionnel : il s’agit pour tori de se mettre en harmonie dans l’espace et dans le temps avec une énergie dirigée vers lui. Tendre la main n’est jamais qu’une méthode de travail pour canaliser l’énergie d’uke dans une direction d’étude précise, celle de son poignet.

Appliquée à une situation martiale, cette saisie du poignet de l’adversaire est un geste très naturel s’il faut par exemple empêcher ce dernier de dégainer son sabre (ou d’empoigner un couteau… ou un revolver).