Des deux exercices fondamentaux d’Aiki ken, nous avons vu le premier dans le dossier précédent, voici donc le second : shichi no awase.
C’est l’exercice qui est illustré sur la vidéo :
Cet exercice est l’application des deux suburis précédents : yokomen uchi et shomen uchi. On y ajoute cette fois tsuki.
Attention : go no awase débutait en position migi hanmi, mais shichi no awase débute en position hidari hanmi (garde avec le pied gauche devant).
Uchi tachi attaque avec yokomen uchi, il avance (avec un léger angle).
Uke tachi reçoit l’attaque avec shomen uchi, il recule (avec un léger angle).
Uchi tachi attaque avec tsuki, il avance (avec un léger angle).
Uke tachi reçoit l’attaque avec tsuki, il recule (avec un léger angle).
Shichi no awase reprend ainsi dans un seul exercice les trois frappes du sabre japonais.
Ce qui a été dit dans l’article précédent pour expliquer l’intérêt de l’exercice a la même valeur ici, et peut être répété en résumant un peu :
- Dans la réalité de l’Aiki, uke tachi ne recule jamais, il fait irimi-tenkan,
- L’exercice shichi no awase l’oblige à reculer parce que cet exercice pédagogique est conçu pour l’entraîner à couper véritablement sur une cible mobile (la cible en l’occurrence est le sabre d’uchi tachi).
Attention toutefois : l’esprit ne doit pas se préoccuper du sabre d’uchi tachi, sans quoi il va lutter contre ce sabre (parer, contrer, bloquer, dévier etc.). L’esprit doit être dirigé vers l’homme qui tient le sabre, c’est lui la cible, lui qui doit recevoir la frappe d’uke tachi. Cependant, la distance artificielle créée par le recul d’uke tachi fait alors que c’est le sabre d’uchi tachi qui reçoit la frappe en lieu et place de son corps. Mais le sabre d’uke tachi "ignore" cela si l’on peut dire et doit frapper devant lui comme s’il frappait uchi tachi lui-même. C’est seulement ainsi qu’il parvient à prendre la coupe de l’adversaire… parce qu’il n’y songe même pas. Ceci est vrai pour le tsuki d’uke tachi aussi bien que pour son shomen.
S’il n’y avait pas shichi no awase tel qu’il est conçu, si l’on entrait directement avec irimi-tenkan sur l’attaque d’uchi tachi - tel que l’Aiki l’exige en vérité - alors la cible en mouvement serait la cible réelle, c’est-à-dire le corps d’uchi tachi, et il ne serait pas possible de frapper véritablement, impossible par conséquent de s’exercer à couper ou à piquer.
Je répète maintenant ma conclusion du dossier précédent, car il s’agit là d’un point essentiel pour la compréhension de l’entraînement d’Aikido :
Shichi no awase n’est pas encore le Takemusu Aiki, c’est un exercice préparatoire sur le chemin du Takemusu Aiki. C’est un compromis nécessaire à l’apprentissage, et il ne faut pas penser que dans cet exercice soit respecté le principe Aiki. Le principe Aiki d’irimi-tenkan y est mis entre parenthèses le temps nécessaire à l’acquisition d’une bonne technique de coupe et de pique (taille et estoc), nous sommes dans l’étude, dans la méthode, dans l’Aiki-do. Il faut absolument faire la différence entre la méthode d’apprentissage et la réalité du Takemusu Aiki. Aiki-do n’est pas Aiki, l’Aiki-do tout entier n’est en réalité qu’une ingénieuse méthode d’apprentissage dont le but est de parvenir à l’Aiki.