Charles Cartigny était un chercheur, il a travaillé tout au long de sa vie à l’interprétation du fameux carré magique, ou carré sacré, SATOR :

C’était un latiniste qui a montré comment on pouvait dérouler, sous la forme de formules hiératiques, la sibylline inscription satorarepotenetoperarotas. Grâce à lui, le carré se révéla être un cryptogramme dissimulant et préservant une histoire sacrée dont il était possible de retrouver le texte riche et surprenant, en développant comme il convenait ces 25 lettres étranges, et en suivant pour cela les instructions du carré lui-même.

Le verbe dérouler est important ici, car cette histoire assez longue a été contractée par une méthode d’enroulement progressif en spirales des phrases qui en constituent le texte, jusqu’à parvenir à la sobriété parfaite du carré que nous connaissons, quelle que soit la raison de cet incroyable tour de force, et quel qu’en soit l’auteur. Dérouler ce qui a été enroulé est déjà un travail remarquable, chapeau bas à Monsieur Cartigny, mais l’enrouler…

Il s’agit donc là d’un message codé de la manière la plus extraordinaire qu’on puisse imaginer. Pour le décoder, Charles Cartigny a patiemment retrouvé et suivi les instructions (le mode d’emploi en quelque sorte) qui se trouvent elles-mêmes cryptées en préambule du texte à découvrir. Il y est clairement expliqué (en latin) comment procéder par spirales successives pour dénouer ce qui a été noué dans les quatre côtés du carré.

J’ai lu ce livre stupéfiant il y a longtemps, il m’aide aujourd’hui à comprendre l’Aikido.

En effet, tous les exercices techniques que nous possédons, avec ou sans armes, sont de la même manière des messages cryptés. En eux se trouvent enchâssées, invisibles au profane, les informations dont nous avons besoin pour parvenir à la vérité de Takemusu Aiki. C’est pourquoi il est si important de pratiquer ces exercices, pour les préserver, sans jamais les modifier. C’est le message de maître Saito, qui est bien connu de tous. Mais il faut aussi chercher, ne pas se contenter de répéter une vie durant les exercices élémentaires sans les comprendre, il convient de les décrypter, tout comme le carré sacré, par le moyen des spirales et des quatre directions. C’est aussi le message de maître Saito, bien que celui-là ne soit connu que de quelques-uns.

Ces exercices simples et linéaires révèlent alors leur richesse intérieure, leur extraordinaire faculté de développement dans toutes les directions. Par la richesse de ces mouvements strictement définis et par leurs innombrables combinaisons, certaines lois sont rendues manifestes et intelligibles, tout comme dans certaines danses dites sacrées.

Pour qu’une telle recherche soit possible, il est bien sûr essentiel que les exercices originaux n’aient pas été déformés outre mesure par l’Aikido moderne évolutif. Car ce dernier, qui pense être libre d’interpréter les mouvements à sa guise, fait en réalité beaucoup de mal au nom d’une esthétique facile, en effaçant progressivement les instructions laissées par la tradition sous la forme de gestes-clefs immuables, qui sont les seuls éléments encore en notre possession pour trouver notre chemin.

C’est de cela que parle la vidéo qui se comprendra mieux en revenant sur les deux dossiers techniques précédents, dont elle est une conclusion.