Les exercices d’Aikido, avec armes aussi bien qu’à mains nues, perdent tout sens si les conditions d’une attaque véritable ne sont pas reproduites avec l’intelligence du combat. C’est l’information qu’essaie de faire passer cette vidéo :
La fraction de seconde au cours de laquelle uke tachi quitte sa position pour couper ses adversaires est la fraction de seconde pendant laquelle il aurait été coupé s’il n’avait pas quitté cette position. Le mouvement d’Aikido se trouve tout entier dans cet intervalle-là, sur le fil ténu qui sépare la vie de la mort, il n’est ni avant ni après ce moment :
On ne comprend pas le déplacement d’Aikido si on ne comprend pas cette nécessité martiale. Mais cela n’est vrai évidemment que dans la mesure où les adversaires attaquent - c’est bête à dire - à l’endroit où se trouve leur cible, et non pas trois mètres avant celle-ci :
Le maai, l’espace-temps qui sépare uke tachi d’uchi tachi, est la contexture du mouvement d’Aikido, sa constitution-texture-structure. Sans maai le mouvement est totalement artificiel, il est incompréhensible, il est sans vie, c’est un œuf clair, un sac vide.
Je me suis longtemps demandé pourquoi les attaques des pratiquants d’Aikido étaient si souvent inauthentiques. J’ai mis d’abord ces attaques mensongères sur le compte d’un manque de sens du combat et de la distance. C’est un aspect des choses, mais il n’est que partiel. Je pense aujourd’hui que les attaques factices et fictives sont également la conséquence d’un manque de confiance dans le principe d’action de l’Aikido, ce manque de confiance étant lui-même issu d’un manque de compréhension. Au fond de lui, l’attaquant n’est pas certain que le déplacement d’uke tachi lui permettra d’éviter son sabre, alors il attaque sans vérité pour ne pas le mettre en difficulté. C’est une erreur qui empêche le progrès de l’un comme de l’autre.
Quand on ne comprend pas, il est essentiel d’avoir un minimum de foi dans ce que l’on fait. Non pas une foi naïve dans l’enseignement du professeur - qui bien souvent ne comprend pas beaucoup mieux que ses élèves ce qu’il leur explique - non, il faut avoir confiance dans le merveilleux fonctionnement de Takemusu, et rechercher sans cesse les lois qui l’animent.