Au coin du feu on est bien, au coin d’uke aussi. 

En Aikido on peut aller au coin d’uke d’une seule manière : en rotation.

Une rotation peut avoir deux sens : elle peut tourner vers la droite ou bien tourner vers la gauche (on dit dextrogyre ou sinistrogyre) :

L’application de cette loi physique en Aikido à partir de la position hanmi, fait qu’on tournera dans un sens ou dans le sens opposé selon que la rotation lancera en premier la jambe avant ou en premier la jambe arrière. 

Il n’y a pas d’autre choix possible que ces deux-là. Toute technique naît de l’un ou l’autre de ces deux déplacements symétriques et complémentaires : une rotation lançant d’abord la jambe avant, ou une rotation lançant d’abord la jambe arrière. 

La vidéo est une illustration de cette dualité fondamentale de l’entrée tenkan-irimi de l’Aikido :

Quand la rotation lance d’abord la jambe avant, celle-ci peut aller directement vers sa nouvelle position du fait qu’elle n’a aucun obstacle devant elle.

En revanche, quand la rotation lance d’abord la jambe arrière, la jambe avant est parfois un obstacle à son déplacement (c’est le cas pour le kaiten nage qui nous occupe ici). Cet obstacle est levé par la partie tenkan de la rotation qui débute le mouvement en ouvrant naturellement l’avant du corps vers l’arrière, obligeant ainsi le pied avant à s’ouvrir également vers l’arrière dans une phase que l’on appelle hito e mi. La jambe arrière peut alors passer.

On comprend mieux sur cet exemple qu’hito e mi ne soit pas une position (une garde à l’arrêt comme hanmi), puisque c’est le moment d’une dynamique de rotation. Hito e mi n’est pas un arrêt, c’est le temps fugitif d’un mouvement rotatif.

On comprend aussi pourquoi tenkan est nécessairement avant irimi (yin avant yang) : il n’est pas possible dans cet exemple de kaiten nage d’entrer (irimi) la jambe arrière si la rotation tenkan n’a pas préalablement dégagé, grâce à hito e mi, l’obstacle à cette entrée que constitue la jambe avant.

Il faut toujours garder ceci à l’esprit : hanmi est une position, un arrêt du corps, à la différence d’hito e mi qui est le point de passage d’un mouvement, une dynamique, tout comme kenka goshi qui termine cette dynamique juste avant le retour à la position hanmi. Hanmi est la seule position de l’Aikido, chaque technique commence avec elle, et c’est pourquoi il faut y retourner à la fin de chaque technique. C’est là un enseignement du Fondateur. 

Le cycle de l’Aikido pour ce qui concerne le déplacement est le suivant, immuablement :

L’Aikido est une manifestation, à travers le cycle des formes techniques, de l’éternel retour du même.