Morote dori kokyu nage est la forme fondamentale d’étude qui, en Aikido, vient immédiatement après tai no henka.

Cet exercice peut être exécuté vers l’arrière ou vers l’avant, selon le sens de rotation des bras (toujours conduits par les hanches) qui est adopté.

Quand les bras se mettent en rotation du bas vers le haut (shita kara ue made), uke est projeté vers l’arrière. C’était la forme pratiquée rituellement après tai no henka à Iwama, et c’est pourquoi elle est aujourd’hui pratiquée rituellement après tai no henka dans chaque dojo Takemusu de la planète.

Quand les bras se mettent en rotation du haut vers le bas (ue kara shita made), uke est projeté vers l’avant. C’est la forme qui est démontrée sur cette vidéo par maître Saito.

A Iwama, du vivant de maître Saito, cet exercice de projection était simplement appelé kokyu ho.

L’Aikikai a eu l’étrange idée d’appeler le kokyu ho vers l’arrière "sokumen irimi nage". Sokumen veut dire sur le côté, une entrée donc sur le côté de l’adversaire, suivie d’une projection.

Je pose alors la question suivante : la technique connue dans le curriculum de l’Aikido sous le nom d’irimi nage n’est-elle pas elle aussi une entrée sur le côté de l’adversaire suivie d’une projection ? Si l’on suit la logique de l’Aikikai, irimi nage devrait alors porter également le nom de sokumen irimi nage.

Deux techniques différentes devraient donc, si on va dans le sens de l’Aikikai, porter le même nom. C’est la démonstration par l’absurde que l’Aikikai ne fait là que compliquer inutilement l’apprentissage de l’Aikido.

L’origine est simple, et elle est géniale dans sa simplicité, on s’éloigne d’elle en ajoutant des couches d’un savoir scolaire qui ne servent qu’à justifier les programmes d’examen. Morote dori kokyu ho doit rester morote dori kokyu ho, ou morote dori kokyu nage si l’on veut mettre l’accent sur l’idée de projection. Il n’y a aucune raison valable d’appeler cette technique sokumen irimi nage.

Je demande une fois encore qu’on réfléchisse au fait qu’O Sensei n’ait jamais donné de noms aux techniques d’Aikido, ce sont ses élèves qui l’ont fait.

Philippe Voarino, septembre 2019.