Ce n’est pas la technique qui détermine le déplacement, le déplacement n’est pas attaché à une technique, il n’est pas spécifique à une technique, on ne se déplace pas comme ceci ou comme cela en fonction de la technique.

Il faut absolument parvenir à la compréhension que le déplacement est toujours identique à lui-même en Aikido, peu importe la technique exécutée.

Car il n’existe en effet, à chaque fois, que deux manières d’aller dans les 270° du cercle qui sont ouverts devant un homme quand il se tient dans la position hanmi : soit par une rotation dans le sens des aiguilles d’une montre (clockwise), soit par une rotation dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (counterclockwise).

Il n’y a pas d’autre manière de se mettre en mouvement en Aikido.

Selon que l’on tourne dans un sens ou dans l’autre, ce sera tantôt le pied avant qui se déplacera le premier, tantôt le pied arrière. C’est là une conséquence inévitable du sens dextrogyre ou sinistrogyre de la rotation. Les pieds se déplacent toujours de manière identique dans toutes les circonstances, ils font toujours la même chose, ils ne peuvent pas faire autrement que de suivre la rotation de l’axe central du corps.

Il est bien entendu que la technique qui doit naître est influencée par le type d’attaque ou de saisie, car tout n’est évidemment pas possible dans toutes les circonstances. Il existe pour chaque circonstance un certain nombre de techniques possibles, et elles se présentent naturellement quand le déplacement est juste.

Dès que l’un des deux sens de rotation est déclenché vers l’un des trois cadrans (270°= 3 x 90°), le premier des deux pieds qui bouge n’a qu’un seul endroit pour se poser, et il en va de même pour le pied qui bouge ensuite. Une fois la rotation déclenchée dans l’une des six directions, et quelle que soit cette direction, le déplacement des pieds ne peut pas être modifié, il est nécessairement toujours le même. Les pieds ne peuvent pas aller ailleurs qu’à l’endroit qui leur est assigné par la rotation.

Ce travail de métronome, ce déplacement perpétuellement égal à lui-même, est la conséquence d’irimi-tenkan, le principe invariant de l’Aikido. Irimi-tenkan est lui-même une manifestation du principe yin-yang (ou in-yo dans la culture japonaise) qui traverse toute la création.

Quand on a reconnu le principe de l’Aikido, et qu’on lui accorde la prééminence qui est la sienne, quand on le laisse agir sans ajouter quoi que ce soit de personnel au mouvement, alors toutes choses se mettent en place de surcroît, et la forme technique qui apparaît est aussi pure et parfaite qu’elle est nécessaire.

Il n’est pas possible de parvenir à cette perfection si l’on ne voit pas le principe unique de déplacement en Aikido. Quand on cherche un déplacement spécifique à chaque technique, on se perd inévitablement dans le dédale du détail des milliers de formes techniques possibles. Les mouvements deviennent artificiels et inefficaces, irréalistes.

Le kote gaeshi qui est illustré sur la vidéo nait d’une rotation qui mobilise en premier le pied arrière de tori. En hidari hanmi (hanmi gauche) la rotation de ce pied sera dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. En migi hanmi (hanmi droit) la rotation de ce pied sera dans le sens des aiguilles d’une montre.

Quand les pieds sont à leur place, tout le reste suit nécessairement :

Le même mouvement - rigoureusement - pourrait être réalisé dans n’importe lequel des deux autres cadrans ouverts au déplacement de tori. Cela fait trois directions donc. Si l’on ajoute à cela les trois autres directions possibles dans ces trois cadrans (à partir du pied avant cette fois), on s’aperçoit que le kote gaeshi de la vidéo peut être exécuté dans six directions différentes (roppo). Chacune de ces six directions est parfaitement sûre par rapport à une attaque multiple, tori quittant toujours la zone dangereuse grâce à irimi-tenkan.