La forme tue le mouvement, mais en même temps un mouvement sans forme juste est vide et inutile.

La vidéo ci-dessous présente la forme de base que l’on appelle ichi no tachi, c’est le premier kumitachi :

Cet exercice n’est pas un mouvement. Il n’y a aucun mouvement ici, il y a seulement l’étude d’une forme imposée. On bouge un peu d’avant en arrière et d’arrière en avant bien sûr, les épaules et les bras participent… on remue le corps, on transpire. Mais tout cela ne fait pas un mouvement d’Aikido. Aussi longtemps que le principe irimi-tenkan n’est pas mis en œuvre, il n’y a pas de mouvement d’Aikido.

Si l’on croit que la forme d’étude est l’objectif qu’il faut atteindre, si l’on pense qu’il faut la répéter de plus en plus vite, de plus en plus fort, alors on deviendra vieux, avec l’âge on la répètera de moins en moins vite, de moins en moins fort, et on aura ainsi passé une vie à ne pas faire d’Aikido. 

Le mouvement d’Aikido n’a rien à voir avec la vitesse ou la violence que l’on peut mettre dans la répétition d’une simple forme, le mouvement d’Aikido exige à l’opposé que l’on quitte le moule de la forme

Or ce n’est pas avec la vitesse et la violence qu’on quitte le moule de la forme, c’est avec la clairvoyance d’un esprit aiguisé qui sait reconnaître les ouvertures et mettre en œuvre le principe de l’Aikido. Ce principe, j’ai presque honte de le répéter tant je ne parle que de lui à longueur de temps, c’est irimi-tenkan, il n’y a rien d’autre dans le mouvement d’Aikido. 

La forme que le corps doit prendre, pourvu qu’on l’ait suffisamment répétée au cours de l’étude, s’ajustera nécessairement et naturellement au mouvement. Son apprentissage était nécessaire, il était juste de la répéter dix mille fois, mais dans le temps où on faisait cela elle était le pire ennemi du mouvement. On résume parfois cette contradiction en disant qu’après avoir appris la technique, il faut un jour "l’oublier". Pour que quelque chose de plus grand que l’homme puisse s’exprimer à travers lui, pour que l’art devienne une réalité, il faut que vienne le moment où cet homme perdra la technique qu’il a acquise au prix de tant d’efforts et de sacrifices. Il faut perdre beaucoup pour gagner les faveurs d’Isis.