Nous avons vu dans le dossier précédent la forme d’école du kumitachi n°5 (go no tachi), et nous avons dit que cet exercice est un arrangement de la méthode à visée pédagogique, qui met bout à bout sur une ligne unique et avec un adversaire unique, des frappes répondant en réalité aux attaques simultanées d’adversaires différents venus de directions différentes :

C’est l’immense talent pédagogique de Morihiro SAITO sensei d’avoir ainsi comprimé les formes complexe du réel, et de les avoir incrustées avec une distorsion minimum dans les formes simples et faciles à retenir que sont les kumitachi et les kumijo.

Mais il faut le moment venu progresser au-delà de la méthode, et pour cela il est nécessaire de faire le chemin inverse, et de retrouver – à partir de l’exercice linéaire – la réalité des frappes dans les 360° du cercle. Ces frappes ont été résumées et ramenées en ligne par maître SAITO pour les besoins de l’exercice d’étude. Il faut maintenant, à partir de cette forme simplifiée et codifiée, retourner à la situation martiale complexe. C’est ce travail qui est présenté dans la vidéo.

Attention : il ne s’agit aucunement dans un travail de ce type d’inventer des formes nouvelles. Les formes de l’exercice d’étude sont issues des formes réelles, qui sont parfaites, et on ne doit évidemment rien y changer. Il s’agit de reconnaître la forme originale et de la replacer dans le contexte où elle s’est avérée nécessaire, et à partir duquel elle a été "condensée" dans la forme de l’exercice d’étude :

Uke tachi ne peut pas frapper deux fois de suite le même adversaire sans se mettre en danger dans les autres directions. Chaque frappe du sabre est définitive et destinée à un adversaire différent. Il y aura donc autant d’adversaires dans la réalité qu’il y a de frappes dans l’exercice d’étude. Il y a six frappes dans le kumitachi n°5, il est donc nécessaire pour cet exercice de mettre en scène six adversaires.

Toutefois, afin de ne pas compliquer outre mesure la gestion de l’espace, on fait ici le choix suivant : quatre adversaires au lieu de six, avec la possibilité pour deux des adversaires d’attaquer une seconde fois. Ceci est seulement une convention qui a pour but de faciliter l’exécution, et les adversaires peuvent tout aussi bien être six, pourvu qu’ils soient capables de gérer la gêne mutuelle qui est liée à leur plus grand nombre.

Les attaquants doivent frapper simultanément, mais sans rapidité, afin de laisser à uke tachi le temps de visualiser la situation et de comprendre comment doit s’organiser son déplacement. Il est aussi essentiel que les attaques aient une vérité au niveau de la distance (maai) afin qu’uke tachi puisse vérifier que ce déplacement le met bien à chaque fois en situation de frapper un adversaire, tout en le laissant dans le même temps hors de portée des frappes adverses :