La spirale de shiho nage est une spirale logarithmique, c’est une homothétie, ce qui veut dire que chacun de ses points a un rapport constant avec tous les autres, elle a de ce fait un tracé rigoureusement constant dans l’espace. "Eadem mutata resurgo", je renais toujours égale à moi-même, voilà comment Jacques Bernoulli avait défini cette courbe remarquable.

La signification de cette loi mathématique pour le pratiquant d’Aikido, c’est qu’il importe peu que shiho nage soit exécuté en réponse à une attaque au jo, au ken ou à mains nues. Quelles que soient les circonstances, la spirale de shiho nage devra toujours être la même et se terminer au même point exactement dans le dos d’uke, invariablement :

La courbe du mouvement de tori suit un trajet inverse à l’accroissement de la spirale, elle part d’un point développé de cette spirale pour revenir à son origine.

Cette origine est géométriquement située au cœur de l’axe vertébral d’uke, et il est essentiel, pour briser l’équilibre de cet axe, de ramener et concentrer la puissance de la spirale sur ce point précis, en poussant pour cela la rotation loin dans le dos d’uke.

Mais la méthode ne montre pas cet aspect du mouvement, elle exige au contraire que tori arrête sa rotation sur le côté d’uke pour permettre à ce dernier de chuter sans danger. Cette manière de pratiquer, qui répond à certaines exigences de pédagogie, est possible dans certaines conditions (katate dori, shomen uchi, yokomen uchi…), mais elle n’est pas réalisable dans d’autres conditions, sur jo dori par exemple, ou quand les deux bras d’uke sont saisis, comme démontré dans le dossier technique précédent ainsi que sur la présente vidéo :

Qu’on ne puisse faire autrement, dans certains cas, qu’exécuter shiho nage en accomplissant une rotation finale dans le dos d’uke pour parvenir à la position de puissance et de sécurité idéale, est bien la démonstration que cette manière de faire est la condition d’exécution de tous les shiho nage quels qu’ils soient. S’il en allait différemment en effet, cela voudrait dire que le rapport entre les points d’une spirale logarithmique n’est pas constant, qu’il peut être différent selon les circonstances, et ce serait alors la négation d’une loi mathématique.

C’est ce qu’on appelle une démonstration par l’absurde : il est absurde de dire qu’une spirale logarithmique n’est pas invariante, or exécuter des shiho nage tantôt avec un déplacement et tantôt avec un autre revient à dire que l’invariance de la spirale logarithmique n’est pas toujours respectée, c’est absurde.On trouvera une étude plus complète sur l’aspect géométrique rigoureux du déplacement d’O Sensei en lisant ou relisant le dossier technique intitulé "Si le discours d’O Sensei a un sens #2".